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Revoir le jour - 1/2

  • benoitcombet
  • 31 oct. 2021
  • 13 min de lecture

Il remonta ses lunettes et relut ses premières lignes.


J’en rêvais, je l’ai fait. Cette nuit, que se passera-t-il ? Verrai-je le jour se lever ? Certainement oui en fait. Comme d’autres vont passer la nuit entre potes à regarder des films d’horreur ou se raconter des histoires et bien moi je suis venu à la rencontre de mes cauchemars. C’est un fait ; je ne cours pas de grands risques. Les monstres et autres tueurs ne vivent que dans les villes remplies d’humains. Ici, au beau milieu de nulle part, dans le corps d’une vieille pension je ne serai pas embêté par le voisinage. Mais laissez-moi plutôt vous planter le décor et veuillez m’excuser si je romance quelques détails. Je suis ce petit type minable auquel tu ne prêtes pas la moindre attention ; je peux être caissier, éboueur, serveur, saisonnier, plongeur. Je cours derrière le moindre job. Ça, c’est pour le côté face ; celui que tout le monde voit. Les collègues me décriront certainement comme ça : un taiseux, un timide, effacé. Je n’ai pas d’ennemis, ni d’amis d’ailleurs. Je n’en veux pas. Ma vie à moi c’est de démissionner et mettre les bouts sans regarder derrière. Je ne veux plus être abandonné. Alors à tous ces inconnus je n’ai rien à leur dire. Je fais ce qu’on me demande, empoche ce qui m’est accordé et file chez moi sitôt les heures faites. Un seul signe particulier, qui fait que certains me trouvent bizarre : je porte toujours une paire de gants. Pourquoi ? Pour encaisser toute cette vie au-dehors et les enlever une fois passé ma porte. Comme une armure. Je ne sais plus d’où ça me vient cette vieille manie. Et voilà donc qu’une fois le verrou mis je me remets au travail. Mon vrai travail. Je suis écrivain. Non, je n’ai jamais vendu des milliers d’exemplaires. Ni même publié une seule page. Mais je noircis des cahiers et des cahiers, que je range ensuite dans des boîtes. Ces boîtes je les laisse aux propriétaires. Qu’en font-ils ? Je l’ignore. Ça ne me concerne plus. J’écris d’abord pour moi, pour faire sortir ce qui me rendrait fou. Bref. Ce gamin au visage encore labouré a eu l’idée de faire une fête d’Halloween qui le marque. J’avais repéré ce vieil hôpital psychiatrique, devenu ensuite hôtel, pendant une de mes randonnées. D’emblée il m’avait fasciné. Son mur d’enceinte délabré et disparaissant derrière la mousse m’avait invité à le pénétrer. Il ne m’avait pas fallu bien longtemps pour trouver une entrée. Je me rappelle qu’il faisait beau et qu’une fois passé de l’autre côté le ciel s’était assombri. J’étais resté un moment immobile, comme tétanisé. Puis j’avais avancé jusqu’à la bâtisse. Ce qui frappait, c’était le silence des lieux. Et le mariage entre pierre et végétation. Bien sûr, la porte était close. Mais comme je m’éloignais je vis qu’une fenêtre de l’étage était restée ouverte. Comme une invitation une fois de plus. Un arbre permettait d’y accéder sans difficultés. Ce jour-là je ne suis pas rentré mais suis reparti. De retour dans ma chambre j’ai compilé toutes les informations que j’ai pu trouver sur ce manoir. Certaines me glaçant le sang. Et c’est comme ça qu’est née l’idée, il y a un petit mois de ça. Pour Halloween je reviendrais et passerai la nuit dans ces murs. Bien évidemment pour rajouter au défi je n’ai averti personne. S’il m’arrive quoi que ce soit, qui pensera à venir jusqu’ici ? J’ai avec moi toutes les notes sur l’aventure. Et, dernière des précautions pour une parfaite nuit d’horreur : j’ai laissé mon téléphone à l’appartement. Ah, non ; un dernier ingrédient…


Il se resservit un verre de vin et songea que le début était plutôt dans le ton. Et il constata avec plaisir qu’il procurait l’effet escompté : il commençait déjà à frissonner un peu. Et ce n’était pas que par froid. Son imagination commençait à partir, transformant le grincement du vent en pas au-dessus de sa tête. Il avait beau savoir il les entendait réellement. Le plus drôle viendrait vite. Il s’était empêché de visiter les lieux à son arrivée, en fin de journée, et le réservait pour quelques heures plus tard à la lueur de sa seule frontale. Pour ne rien gâcher il avait téléchargé et écoutait des trames sonores de films d’horreur. Et bien évidemment il avait chargé dans son sac un cubi de rouge et quelques bières. Avant la visite il tenait à relire ses notes. Dehors un hibou se mit à hululer. Tout à sa lecture il ne se rendit pas compte que les verres se succédaient. Il se maudit de ne pas avoir pensé à prendre un pull supplémentaire. Pour se réchauffer alors, il ne reste qu’à se mettre en mouvement. Un corps principal et deux ailes sur deux étages. Trois si les caves étaient restées ouvertes, et peut-être pourrait-il monter au grenier, sur lequel il avait tant lu. Il coupa la musique et se mit en route.

Au premier étage, où il se trouvait, la plupart des chambres étaient meublées de la même manière, sobres. Tout avait été laissé à l’abandon en l’état, à l’instar de ces cendriers pleins de mégots. Les murs étaient revêtus d’un papier peint jaune pisse. À chacun de ses pas le plancher grinçait. Dans le couloir une bête s’enfuit ; probablement un rat. Pourtant son cœur se mit à battre la chamade. S’il s’agissait d’un squatteur, occupant des lieux ? Ou de… Il s’impressionnait lui-même de cette peur irrationnelle, et en même temps restait sur ses gardes. Il mit la main dans une poche et en tira un bout de papier. Il avait pris soin de noter des questions dans son carnet auxquelles il devrait répondre avant de ressortir. Et pour chaque niveau dans une autre poche une contrainte, choisie en fonction du dé qui ne quittait jamais sa poche. Pour cet étage il hérita de cette consigne :


Tu devras porter un vêtement trouvé ici.

Quelle serait ta plus grande peur ici ?


L’aventure pouvait commencer. Il but une lampée de bière, respira un bon coup et se remit à explorer les chambres. Pour beaucoup les volets étaient restés ouverts et il pouvait encore voir le ciel. Il put remarquer que la lune était pleine. Ambiance parfaite. Au loin sans doute il entendit un chien aboyer. Au moins, songea-t-il, il n’était pas complètement perdu. Il restait un peu de vie. Pourquoi cette peur soudaine? Il réalisa alors quelque chose d’assez effrayant : la nuit était tombé dans la forêt. Ici il était à priori à l’abri, mais il ne pouvait pas s’aventurer dans les bois. Ce qui voulait dire qu’il était prisonnier de ces chambres. Enfin, il balaya cette étrange sensation et se mit à la recherche de vêtements. Plus exactement il tenait à en trouver qui ne soient pas trop imprégnés de moisissure. Quelle idée d’avoir écrit cette contrainte! Il finit par dégotter un vieux chandail mité parfaitement à sa taille et ne sentant pas trop. Pourtant le froid ne passa pas. Il resta un moment dans le hall. Où aller ? Vers les beaux appartements ou au rez-de-chaussée et dans le ventre de la bête ? Sans doute aurait-il plus vite fait de monter d’abord. Mais la question d’abord. Il repensa à sa frousse dans le couloir, la crainte de se trouver nez à nez avec un humain loin de tout. Oui, la réponse était par là. Rien d’étonnant quand il repensait à son parcours. Enfant non-désiré, parents toxiques et violents, moqué de ses camarades de classe il avait vite tourné la page. S’était renfermé. Cette différence lui avait coûté quelques coups au collège. Alors oui, l’homme était ce qui lui faisait le plus peur.


Il commença à monter les marches, souffle court. Qu’allait-il découvrir là-haut ?

Il était persuadé d’entendre des bruits de pas. Discrets, feutrés mais bel et bien là. Dans son dos. Il s’arrêta. Ça se rapprochait. Il se retourna sur le vide. Un simple délire tenta-t-il de se convaincre. Le hall du second étage était plus spacieux, plus propre. L’ancien logement des professeurs. Visiblement rénové en suites de second rang. Ici, il y avait des salles de bains dans la plupart des chambres. Il fit une pause pour tirer deux papiers :


Laisse ta trace ici

La vie après la mort n’existe pas : en es-tu si sûr ?


Il grimaça à la simple lecture de la question. Qui les avait rédigées ? Ce lieu n’avait-il pas sa propre loi ? Il essaya de reporter son attention sur la consigne. S’il l’avait peu pratiqué il savait bien que l’une des règles de l’Urbex était de ne pas laisser sa trace. Bon, il pourrait tout aussi bien passer un coup de balai. Il surplombait les arbres ici et voyait au-delà du parc. Une forêt massive d’arbres. Et vu le temps qu’il avait mis à venir en plein jour il lui était inenvisageable de rentrer à pied ; qui sait ce qui l’attendait dehors. Un sentiment de solitude s’accrut en même temps qu’il réalisait que ce lieu lui faisait vraiment peur. Comme la sensation d’hostilité à son égard. Voilà qu’il commençait à délirer, non ? Il but une nouvelle gorgée de bière pour se rassurer. Il repensa alors aux autres consignes et se demanda jusqu’où il les suivrait. Il se mit à trembler comme une feuille. Sans attendre d’être totalement calmé il continua son exploration. Ici encore tout était resté en l’état. Il trouva même sur un lit une valise en cuir laissée là par l’occupant de la chambre. Les bribes de ses recherches lui remontèrent : l’hôtel avait fermé à la suite d’une dénonciation du propriétaire pour collaboration. Jusque-là il avait été le repère de dignitaires pétainistes quelques années encore après la guerre. Tout le monde avait mystérieusement disparu et personne ne se risquait à racheter ce lieu maudit. En ouvrant la valise il trouva une photo en noir et blanc d’une famille souriante au bord de mer. Une famille souriante… même les criminels y avaient droit apparemment. Et lui, parviendrait-il un jour à intéresser assez quelqu’un pour assurer une descendance ? Tout à ses réflexions il n’entendit pas la porte se refermer dans son dos. Ce n’est que quand il eut décidé de laisser sa trace, minime, en mettant en miettes ce cliché, qu’il s’en rendit compte. Qui l’avait enfermé ? Le fantôme de ce type ? Celui du gérant ? La température lui sembla baisser encore. Il se prit les mains, tomba à genoux et implora. Puis se releva, pris d’un doute, tourna la poignée et … la porte s’ouvrit. U n simple courant d’air… Au bout du couloir une porte. Derrière, il s’en doutait, le tristement célèbre escalier. L’accès au grenier. Mais avant… La vie après la mort ; qui l’attendait en haut ? Le vide ou la mémoire des victimes de cet hôpital? Foutaises ou pas ? Ce qu’il comprit à cet instant lui fit plus peur que tout : il irait jusqu’au bout parce qu’il sentait que s’il montait ces marches il s’abandonnerait – temporairement peut-être – à la folie. Que ces âmes soient ou non réelles il avait rendez-vous avec les ténèbres. Et jouer avec le feu l’excitait depuis toujours. Il but une nouvelle rasade et s’avança.


Tu es la proie : qui est donc le prédateur ?

Abandonne ici ta lumière.


Cette consigne était tout bonnement stupide : elle le mettait en danger. S’il renonçait, qui l’en blâmerait ? Ou au moins s’il ne suivait pas ces consignes. Il entreprit de fouiller les combles. Des caisses de bois moisi s’entassaient, des malles, des piles de ce qui avait été des journaux. Et la corde se balançait encore. Celle-là même où s’était pendu des années auparavant le gérant, après avoir endormi pour toujours sa famille, pour qu’ils ne soient pas inquiétés. Il enquêtait sur ce lieu quand sa lampe frémit. Une fois. Puis la luminosité baissa. Elle grésilla de nouveau. Et s’interrompit sans prévenir. Il lâcha un gémissement. Ce manoir semblait vivant et animé d’une volonté propre. Il en devenait le jouet. « Ressaisis-toi : le seul risque serait de chuter dans ces marches. Pourquoi ne pas attendre le matin ici ? Ce serait certainement le plus sage à faire, et tant pis pour …


Un bruit de pas, une respiration haletante et une lanterne montaient des escaliers. Il se recroquevilla comme il put derrière une caisse et retint son souffle. Il n’était donc pas seul… Mais qui était cet autre ? Un fantôme ? Il tenta de réprimer un bruit, mi-ricanement mi-sanglot. Il était réellement en danger. Il avançait lentement, la lumière empêchant de dévoiler son visage. Il fit le tour de la pièce, inspecta brièvement les journaux et s’assit dans un rocking chair. Saisissant son courage à deux mains l’autre attrapa une barre de fer et surgit de derrière les caisses.


Les deux se dévisagèrent. Morts de peur mais bel et bien vivants l’un et l’autre.


- Que faites-vous ici ?

- Et vous donc ?

- Je fais du repérage pour un livre

- Et moi je me suis lancé un défi


Sans baisser la garde ils se rapprochèrent, se toisèrent et décidèrent de continuer l’aventure ensemble.


- Rodrick, fit l’homme à la lanterne,

- Éloi répondit l’autre sans sourire.


Éloi repensa à la réelle raison de sa présence ici. Un jeu, promettant de gagner la coquette somme de mille euros à la condition de passer cette nuit seul dans les lieux et de réussir ces défis. Surtout, précisaient les règles, il ne fallait en aucun cas parler de ce jeu à quiconque, et même fausser les pistes. D’où cette lettre. Il sourit soudain…


- Bon, où allons-nous à présent ?

- J’ai pour ma part visité les deux étages avant de venir ici, mais les accès aux ailes sont fermés. Je propose de redescendre vers les rez-de-chaussée et les caves.

- Soit


Les deux hommes ne parlaient guère. Ils redescendirent les deux étages à la volée. En bas le hall était impressionnant. Tout y était intact. Un imposant piano dominait la salle de réception. La porte de la cuisine s’ouvrit devant eux dans un grincement. Éloi avait une bonne raison d’y aller : s’armer d’un de ces énormes couteaux de cuisine. S’il était la proie, qui était ce type ? Et s’il jouait aussi et cherchait à s’en débarrasser pour toucher le pactole ? Il trouva ce qu’il cherchait et le glissa discrètement dans son sac. Soudain un chant déchira le silence : quelqu’un jouait du piano. Ils se ruèrent dans la grande salle, déserte. Le piano était toujours aussi fermé.


Éloi sortit alors deux bières de son sac, en proposant une à son compagnon, qui déclina l’offre. L’affaire prenait d’inquiétantes tournures. Rodrick ne semblait pas plus rassuré mais avança : « nous avons dû entendre le vent, et notre imagination a fait le reste ». Certainement la meilleure explication. Ils se remirent en route, tous deux claquant des dents. Avant de descendre vers les caves Éloi prétexta de prendre des notes pour lire la consigne suivante :


Le sang devra couler avant le lever du jour.

Te connais-tu aussi bien que tu ne le pensais ?


Une fois de plus il regarda d’un œil torve celui qui ouvrait la marche. Il suffirait de peu pour s’emparer de la lampe, blesser son porteur et continuer. L’assommerait-il ou se contenterait-il de le laisser perdu dans le noir ? Pour l’heure ils tournaient dans un dédale. De part et d’autres des couloirs étroits des portes, en plus ou moins bon état. Il passa la tête dans l’entrebâillement de l’une-d’elles, rentra dans une autre pièce. Il n’avait pas fait deux pas que la porte se refermait. De l’autre côté le guide se laissa aller à un ricanement sardonique avant de continuer sa progression. Éloi n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passait que déjà le rire était remplacé par un cri d’effroi, puis de douleur. Le silence à nouveau. Il sentit de la pisse entre ses jambes. Pour couronner le tout le piano joua un air lugubre, jusqu’à sa geôle. Ou son tombeau pensa-t-il. La musique s’arrêta. Après longtemps, ou rapidement, il fit le tour de sa prison. C’était un mur en pierre épais. Il essaya de frapper la porte avec une autre, trouvée au sol. La porte résista. Et il n’y avait pas de poignée de son côté. Se réfugiant dans un coin ses doigts trouvèrent du bois. Puis un anneau. Une trappe. Il la souleva, osant à peine y croire. Alors cette histoire de souterrains était vraie ? Le trou était à peine assez large. Des barreaux de métal formaient une échelle. Il prit une inspiration et descendit, échelon après échelon. Il toucha enfin le sol. Il avançait à l’aveugle et découvrit une galerie qu’il dut emprunter en rampant. Sans savoir où il allait… Il passa dans de l’eau croupie puis les parois s’écartèrent. Il put peu à peu se redresser. L’excitation de cette aventure l’emportait maintenant sur la peur. Il chercha une bouteille dans le sac et s’autorisa une goulée. Il pensa avec satisfaction que le sang avait été versé. Mais pas par lui. Sous ses pieds, il sentait la terre meuble. Il déchanta vite ; des couloirs partaient dans tous les sens. Un labyrinthe. Et nulle part il ne sentait de barreaux pour remonter. Il se mit à errer au hasard. Les défis dans sa poche lui parurent lointains : tout ce qu’il devait à présent faire c’était de remonter et quitter ce lieu maudit. Pour la première fois de la nuit il vit sa mort. Personne ne viendrait le chercher ici. Il se relaissa tomber. Roulé en boule il repensa à sa vie. Il s’était efforcé de devenir invisible et personne ne le chercherait même.


Soudain, des bruits de pas, et un cri : Éloi ! Éloi !

Une lanterne et au bout un homme : Rodrick.


Il n’avait a priori pas refermé la porte, avait entendu lui aussi le rire, les cris et le piano et s’était élancé à la recherche de son compagnon. Ils remontèrent ensemble.


- Quelqu’un joue avec nos nerfs, c’est une mise en scène, suggéra Rodrick

- Mais qui, et pourquoi ?


Avec l’idée qu’ils trouveraient la réponse sur le chemin les deux explorateurs reprirent leur progression. Éloi sentit sa gorge se serrer : comment attaquer cet homme qui venait de voler à son secours ? Il fallait pourtant verser le sang… Alors il eut l’idée de gratter une plaie et quelques gouttes perlèrent le long de sa jambe.


Personne n’avait repoussé la porte de la cellule et c’est avec soulagement qu’ils rejoignirent le couloir. Rodrick jeta un coup d’œil à sa montre. 02h26. Il ne restait plus qu’un papier. Une ultime mission. Mais quatre bonnes heures avant de pouvoir ressortir. Prétextant de se soulager il lut avec horreur ces mots :


La clé est la date ; pour réussir tu devras la prendre en photo

Mets-toi en scène comme mort


- et le bureau, on se le tenterait ?

- avec plaisir !


Tous deux remontèrent les marches avec empressement. Et se figèrent. Dans la salle qu’ils venaient de traverser moins d’une heure auparavant une femme baignait dans son sang. Éloi ne put s’empêcher de frémir en pensant à sa propre mission.


- Qui a pu faire ça ?

- Qui, ou quoi…

- Alors ce hurlement tout à l’heure…

- Je vais commencer à croire que ce manoir n’est pas si désert…

- Ne restons pas ici…

Ils poursuivirent leur chemin. Il leur fallait maintenant trouver un moyen de rentrer dans l’aile gauche, fermée à clé.


- tu as une idée ?

- mieux : une clé… J’ignore si c’est la bonne, mais je propose d’essayer

- où…

- je l’ai trouvée sur une commode


C’était la bonne clé. Éloi eut soudain l’intuition que son compagnon était un joueur, qui lui aussi devrait photographier cette date. Quelles étaient ses missions ? Jusqu’où irait-il pour l’argent ? Que faire ? Jouer carte sur table ou continuer à le surveiller ? Il opta pour la seconde option.

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