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Revoir le jour

  • benoitcombet
  • 13 avr. 2024
  • 3 min de lecture

J’en rêvais, je l’ai fait. Cette nuit, que se passera-t-il ? Verrai-je le jour se lever ? Certainement oui en fait. Comme d’autres vont passer la nuit entre potes à regarder des films d’horreur ou se raconter des histoires et bien moi je suis venu à la rencontre de mes cauchemars. C’est un fait ; je ne cours pas de grands risques. Les monstres et autres tueurs ne vivent que dans les villes remplies d’humains. Ici, au beau milieu de nulle part, dans le corps d’une vieille pension je ne serai pas embêté par le voisinage. Mais laissez-moi plutôt vous planter le décor et veuillez m’excuser si je romance quelques détails. Je suis ce petit type minable auquel tu ne prêtes pas la moindre attention ; je peux être caissier, éboueur, serveur, saisonnier, plongeur. Je cours derrière le moindre job. Ça, c’est pour le côté face ; celui que tout le monde voit. Les collègues me décriront certainement comme ça : un taiseux, un timide, effacé. Je n’ai pas d’ennemis, ni d’amis d’ailleurs. Je n’en veux pas. Ma vie à moi c’est de démissionner et mettre les bouts sans regarder derrière. Je ne veux plus être abandonné. Alors à tous ces inconnus je n’ai rien à leur dire. Je fais ce qu’on me demande, empoche ce qui m’est accordé et file chez moi sitôt les heures faites. Un seul signe particulier, qui fait que certains me trouvent bizarre : je porte toujours une paire de gants. Pourquoi ? Pour encaisser toute cette vie au-dehors et les enlever une fois passé ma porte. Comme une armure. Je ne sais plus d’où ça me vient cette vieille manie. Et voilà donc qu’une fois le verrou mis je me remets au travail. Mon vrai travail. Je suis écrivain. Non, je n’ai jamais vendu des milliers d’exemplaires. Ni même publié une seule page. Mais je noircis des cahiers et des cahiers, que je range ensuite dans des boîtes. Ces boîtes je les laisse aux propriétaires. Qu’en font-ils ? Je l’ignore. Ça ne me concerne plus. J’écris d’abord pour moi, pour faire sortir ce qui me rendrait fou. Bref. Ce gamin au visage encore labouré a eu l’idée de faire une fête d’Halloween qui le marque. J’avais repéré ce vieil hôpital psychiatrique, devenu ensuite hôtel, pendant une de mes randonnées. D’emblée il m’avait fasciné. Son mur d’enceinte délabré et disparaissant derrière la mousse m’avait invité à le pénétrer. Il ne m’avait pas fallu bien longtemps pour trouver une entrée. Je me rappelle qu’il faisait beau et qu’une fois passé de l’autre côté le ciel s’était assombri. J’étais resté un moment immobile, comme tétanisé. Puis j’avais avancé jusqu’à la bâtisse. Ce qui frappait, c’était le silence des lieux. Et le mariage entre pierre et végétation. Bien sûr, la porte était close. Mais comme je m’éloignais je vis qu’une fenêtre de l’étage était restée ouverte. Comme une invitation une fois de plus. Un arbre permettait d’y accéder sans difficultés. Ce jour-là je ne suis pas rentré mais suis reparti. De retour dans ma chambre j’ai compilé toutes les informations que j’ai pu trouver sur ce manoir. Certaines me glaçant le sang. Et c’est comme ça qu’est née l’idée, il y a un petit mois de ça. Pour Halloween je reviendrais et passerai la nuit dans ces murs. Bien évidemment pour rajouter au défi je n’ai averti personne. S’il m’arrive quoi que ce soit, qui pensera à venir jusqu’ici ? J’ai avec moi toutes les notes sur l’aventure. Et, dernière des précautions pour une parfaite nuit d’horreur : j’ai laissé mon téléphone à l’appartement. Ah, non ; un dernier ingrédient…


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