Juste une nuit
- benoitcombet
- 4 déc. 2024
- 13 min de lecture
1.
Vingt minutes qu’il aurait dû être là. Je perds mon temps. J’aurais dû me douter aussi que c’était bidon. Mais j’ai été appâté. Le défi proposait de rester une nuit dans un lieu perdu. Un lien renvoyait vers un questionnaire bien fourni. Le tout était gratuit. Et me voilà à attendre une voiture qui ne viendra sans doute pas. Le règlement stipulait bien de ne pas dire mon programme. Comme je fais demi-tour des phares trouent la pénombre. Je frissonne. Vais-je monter avec un inconnu, vers je ne sais quelle destination ? J’ai suivi le règlement et laissé le téléphone à l’appartement. La voiture s’arrête à mon niveau. Bien sûr, qui d’autre attendrait en pleine nuit ici ? Bon, après tout, ce n’est qu’un jeu. J’ouvre la portière et monte. Elle est aussitôt verrouillée. Le conducteur ne décroche pas un mot. Personne à l’arrière. Je me renfonce un peu sur mon siège, la curieuse impression de faire une bêtise. Si j’en venais à disparaître qui le saurait ? Quand s’en rendrait-on compte? Je n’ai pas de travail ou d’amis proches. Mes parents sont loin et on ne s’appelle qu’une fois de temps en temps, ne nous voyons que pour les grandes occasions… Je dois me reprendre. Pour me changer les idées je repense à toutes ces questions lors de l’inscription : dernières relations, plus grandes frayeurs, pratiques sportives, croyances,… J’avais plus d’une fois hésité à quitter mais la curiosité l’a emporté. Curieusement j’ai la chair de poule. Pas certain que le froid en soit la cause. Après tout c’est pour ça que j’ai participé, pour me faire peur et sortir un peu de cette vie morne. Demain j’y repenserai avec le sourire. Nous prenons une petite route, puis une piste dans la forêt. Une plus petite encore. Nous roulons lentement mais les ornières se font sentir. Des virages, un croisement. Je serais bien évidement incapable de refaire le chemin. Nous arrivons, enfin.
Des spots permettent de voir la façade. Loin de rassurer cette mise en scène me paralyse un instant. J’avais bien essayé de chercher les spots d’urbex où ça pourrait bien se passer. Mais rien de tel. C’est une bâtisse énorme en brique. Elle a visiblement en parti flambé puisque les étages supérieurs sont noircis. Architecture contemporaine. Pas de balcons ni terrasses, donc plutôt industriel. Je ne vais de toute manière pas tarder à le savoir. La porte principale n’est pas verrouillée. A peine l’ai-je ouverte que mon chauffeur a disparu. Pas d’autre choix que de rentrer ou passer la nuit dans la forêt. Dans le hall une musique d’ambiance est diffusée. Je me prends à sursauter à l’enregistrement d’une cloche. Beaux effets. Plusieurs couloirs partent de ce hall. Tous baignés dans le noir. Je réalise que je ne sais absolument pas à quoi m‘attendre. Conformément au règlement je n’ai pas pris de lampe non plus. Je commence à le regretter. La musique me suit, m’enveloppe. J’erre au hasard, à tâtons en longeant les murs. Des bruits de fuite, animaux ou enregistrements, me font sursauter encore à plus d’une reprise. Même si ce n’est qu’un jeu je ne me sens plus si bien. Et puis là, au détour d’un couloir, une porte laisse passer de dessous de la lumière. Mon cœur bat la chamade. J’ai réussi je suppose, mais qu’est-ce qui m’attend là-bas ?
C’est une grande pièce rénovée. Le sol est en béton. Le feu est allumé dans la cheminée. Et dans un de ses coins un buffet. Il y a à manger, à boire aussi. Et de la compagnie. Je ne serai donc pas seul dans cette aventure. Je ne sais pas encore si je dois en être rassuré ou non. Les autres membres semblent se poser la même question. Ils sont quatre. Combien nous rejoindront ? Les présentations sont rapides, chacun semblant nerveux. Il y a Amandine, Hugo, Tess et Marius. Ces deux derniers ont déjà pris un verre et je les imite. Histoire de se redonner un peu de courage. De l’autre côté de la pièce je découvre la bibliothèque et un petit salon. Un sixième, puis un septième participant, respectivement Marwan et Alice, ne tardent pas à nous rejoindre. A peine les premières civilités échangées un gong retentit. Dans le silence on peut entendre un bruit de serrure. Dans un geste commun nous nous élançons vers la porte. Fermée. Le jeu commence. Pourtant rien ne se passe.
Personne ne connaît les règles du jeu. Faut-il rester là, dans cette pièce ? Ou chercher à la quitter ? On explore la prison dorée. Faute de mieux le buffet recentre les esprits et les corps. Je prends un deuxième verre. Hugo propose que nous levions un toast à cette nuit. Serrés près de la cheminée nous échafaudons toutes les hypothèses. Personne ne veut croire qu’il suffira de rester dans cette pièce. Il n’y a qu’une autre porte, en haut des escaliers, surplombant le foyer. Bien sûr la serrure est fermée. C’est Alice qui comprend la première : « le jeu ne commencera véritablement qu’à minuit... ». Tout le monde regarde vers la grande horloge, les montres nous étant également interdites. 22H39. Il resterait une heure vingt avant de pouvoir sortir d’ici. Chacun essaie de tuer le temps à sa manière. Et le buffet fait son œuvre. Des groupes se forment.
C’est alors que minuit sonne. Comme imaginé la porte de l’escalier a été déverrouillée. Alice est la première et nous appelle quelques secondes après. Nous pénétrons dans un bureau. Sur la table sept enveloppes et sept caméras GoPro. Il doit y avoir toutes les instructions là-dedans. Les enveloppes sont nominatives. Je redescends dans la grande salle et me laisse tomber sur un fauteuil crapaud. Comme d’autres je blêmis à la lecture de la lettre. La nuit s’annonce excitante et longue.
L’écriture manuscrite et pleine de ratures laisserait envisager une folie. Pour résumer :
Il faut être le premier dans le bureau pour gagner la somme à partir de six heures
La caméra doit être le témoin de notre aventure
La mise de départ est de mille euros et grimpera certainement au cours de la nuit
Des objets sont cachés et peuvent aider, de l’argent aussi
Une surprise nous attend dans le vestiaire
Il n’y a pas de règles
L’ambiance a déjà changé. Pour l’instant tout le monde prend un temps pour réfléchir à la stratégie.
Quand Marius propose de s’allier, ou au moins de réfléchir ensemble, personne ne se joint à lui. Moi le premier je revois les choses autrement avec cette récompense à la clé. De combien montera-t-elle ? Et comment la faire grimper ? Pour l’heure personne ne semble réellement hostile, mais nous sommes tous en concurrence.
Je m’élance vers le couloir. Bientôt d’autres pas se font entendre. Je m’arrête et les laisse me dépasser. Toujours en longeant les murs je découvre un escalier. De là-haut de la lumière filtre. Il doit y avoir des fenêtres. Les marches sont glissantes mais au moins la musique s’estompe. Arrivé à l’étage la lune perce à travers les galeries. Je distingue de part et d’autre d’un couloir des portes. Des chambres alors. Certaines sont ouvertes. Six chambres. Les autres sont verrouillées. Chacune donne sur la nuit. Que faire ? M’enfermer dans l’une d’elles et attendre là ? Tout à ces réflexions j’entre et machinalement tire la porte. La clé est dessus. Au moins je serai à l’abri le temps de … Un carreau est cassé mais le lit est fait. Mon attention est attirée par un tas sur le bureau. M’approchant avec méfiance je découvre une lampe comme celles que nous avions gamins. Les autres arrivent. Bruits de course, de portes qui claquent. Et les autres, qu’ont-ils trouvé ? On tambourine à ma porte. Je fais le mort. Quand les pas s’éloignent je continue à inspecter ma cellule. Ce trésor me fait me sentir instantanément mieux. Les piles tiendront-elles toute la nuit ? Où sont cachées celles de rechange ? Dans le tiroir du secrétaire une nouvelle enveloppe. Mon cœur s’emballe. Dedans un questionnaire comme j’en ai moi-même rempli un. Pas de nom. Un homme a priori. Dois-je continuer à lire ? Certaines questions sont particulièrement indiscrètes. J’hésite à le déchirer, pris de colère. Quel est le réel but de ce jeu ? Alors que je m’allonge pour évaluer la stratégie mon dos rencontre un objet sous la lourde couverture. Une flasque. Juste à côté un couteau de cuisine en céramique. Si chacun a reçu les mêmes présents il serait peut-être bon pour moi de rester à l’abri. Je repense au « pas de règles ». Marius a dû avoir la même idée, car il repasse dans le couloir et propose que l’on se réunisse dans la grande salle pour mettre en commun nos trouvailles. Comme personne ne lui répond on entend des sanglots déchirer le silence. Il commence à craquer. Dommage, ça a l‘air d’être quelqu’un de bien. Je ferais bien de me presser de ressortir et explorer les lieux. Mais avant j’avale la moitié de la flasque. Cette brûlure n’est pas désagréable.
Je prends tout mais referme derrière moi et emmène la clé. On n’est jamais trop prudents. J’ai bien envie d’aller voir vers le troisième étage. Marwan a eu la même idée. Après un échange de coups d’oeil nous avançons ensemble. Il me désigne une montre à son poignet. 00H46. Presque une heure de passée depuis le début de la partie. La porte est déverrouillée. Comme en bas un couloir. Cette fois ce sont des bureaux. Il nous faudra un temps pour tout fouiller. Je songe à dire à mon compagnon qu’il y a encore des combles puis me tais. Les informations sont précieuses ici. Pris d’une intuition il me fait signe et nous bloquons la porte avec un lourd bureau. A temps puisque déjà des pas se font entendre dans l’escalier. Dans la première pièce nous mettons la main sur le panneau des clés. Ainsi qu’un carnet chacun et un stylo, sans doute laissés à notre égard. En continuant c’est un registre. Nous sommes dans un ancien centre de redressement pour mineurs. D’où l’impression de prison. Nous nous regardons : le vestiaire est forcément en bas. Nous choisissons malgré tout de poursuivre notre investigation. C’est dans le troisième et dernier, la salle des archives, que nous trouvons au milieu des originaux une pile de sept dossiers. Nos dossiers. Les bras m’en tombent. Non seulement nos questionnaires mais aussi des photos de nous et un résumé d’enquête quant à nos habitudes. Nous avons été suivis. Je suis pris de frissons. Le questionnaire que j’ai trouvé est celui de mon compagnon. Que faire de toutes ces informations ? C’est à ce moment que la musique se déclenche ici aussi. Mélange de compte à rebours et de hululements. Dérober ces dossiers empêcherait tout le monde de les consulter. J’avise un sac et les y fourre. Je crois discerner dans le regard de mon complice une étincelle. La paranoïa arrive.
Je fais mine de ne pas avoir remarqué. Et maintenant ? Les autres ne nous laisseront certainement pas redescendre comme ça. Et se faire attraper c’est prendre le risque de perdre nos effets. J’en suis encore à ces réflexions qu’il m’attrape par le bras et sort son couteau. Il me dirige vers la porte. Ils sont derrière. Oui, pourquoi pas… Je l’imite. Nous regardons l’heure. 1H29. Comme l’envie de rester là pour échapper à ce qui nous attend. Je me dis très clairement pour la première fois qu’il n’y a pas six mais sept monstres ici. Ou peut-être plus si on compte celui qui nous a enfermé dans l’arène. Alors que l’on va ouvrir la porte un cri se fait entendre depuis en bas. Les pas s’y pressent. Nous les rejoignons, profitant de la cohue. Le vestiaire. Avant, Marwan a refermé la porte a clé. Nous la vendrons cher.
L’excitation semble retomber. Une grande télévision affiche les images simultanées de nos sept caméras. Un autre écran s’adresse à nous:le public veut du divertissement, de l’action. Donnez-lui-en et la somme augmentera. Ce pactole de mille euros s’élève déjà à trois-mille cinq-cent. Et les chiffres continuent à monter. Le tout est gardé par une porte vitrée. Le « il n’y a pas de règle » prend tout son sens. Pour l’instant nous sommes tous sous le choc, mais nous ne sommes pas les spectateurs mais les acteurs d’un film d’horreur. Et sans trucages. Je jette un coup d’œil vers Marius. Ou plutôt le cherche. Il n’est pas là. Je ferais bien de mettre les voiles moi aussi, d’autant que les cris d’excitation de tout à l’heure laissent présager des cadeaux. Comme je m’enfonce dans le noir, dans la direction opposée, m’arrive comme un bruit de tronçonneuse. Imagination, réalité ou bande-son ? Quand je m’estime suffisamment loin je rallume la lampe. Un escalier descend. La buanderie, un cellier, une remise. Et les caves. Où nous attend je suppose un beau trésor. En effet je remplis le sac d’une nouvelle lampe, d’une clé de coffre, d’une corde, de menottes et d’un petit marteau. Je ne me laisserai pas faire.
Le premier que je rencontre en en sortant c’est Marwan. Il a un rire sardonique :
- allez, vite, les dossiers
- ?
- si je ne les récupère pas de suite je dis aux autres que tu les as sur toi…
- je te les donne en échange de la clé
- ben voyons…
- tant pis, alors je leur révélerai quelque chose qui les intéressera à ton sujet…
Il blêmit.
- bon, on va faire comme si cette discussion n’avait jamais eu lieu, hein ?
J’acquiesce d’un hochement de tête. Voilà qui est mieux.
J’ai honte de ce que je viens de faire. Honte de l’avoir attaqué là-dessus.
Soudain j’ai une idée. Je suis certain que le gain a été marqué par ma petite sortie. Il me faut juste du temps au calme. Et un autre flash : si les spectateurs peuvent voir où nous sommes des joueurs qui resteraient devant l’écran de télé pourraient savoir ce que font chacun de nous. Une chance qu’il n’y ait pas le son ici.
Un mouvement dans mon dos me fait revenir à la réalité. La lame a frôlé mon omoplate. Son poing en revanche m’atteint dans le nez. Puis il redescend dans la cave en courant. Je souris intérieurement. Mise en scène sans doute.
Bon, où me réfugier ? Les combles me sont pour l’instant inaccessibles et les chambres me semblent être un piège. Le cellier en revanche est un peu excentré, facile à protéger, et rapide à atteindre depuis ma position. Je m’y barricade en poussant les lourdes étagères.
Je suis bon lecteur et j’ai une bonne mémoire. En cet instant plus que jamais j’en remercie le destin. Ainsi protégé, à la lueur de la lampe je découvre les secrets de chacun de mes concurrents. Outre de faire monter les sommes en jeu je me forge un atout. Au fil des lignes je vois de qui me méfier, je repère les alliés éventuels. Certain-e-s m’inspirent du dégoût, d’autres de la sympathie. Comme je n’ai pas de montre je ne peux pas dire comment s’écoule le temps. Je laisse retomber les dossiers et m’assoupis.
Ce sont des coups sur la porte qui me font revenir. Je prends le marteau en main et me dirige le plus discrètement possible vers la porte. Y a-t-il des armes à feu dans le manoir ? Une voix. Les coups cessent. Puis reprennent. Cette fois le tranchant d’une hache fend la porte de mon refuge. Aucun échappatoire, aucune cachette. Alors une solution : attaquer avant d’être attaqué. La survie. Je fonce entre deux étagères, tendu, prêt à bondir. Là, derrière moi, dans une cantine métallique j’entends gratter. Un rat ? Le bruit change : des coups donnés. Intrigué j’ouvre la caisse. Rien. Et si…. Je tire la malle et découvre une trappe. C’est de là que proviennent les coups. Pas le temps de réfléchir. Je l’ouvre et mets au jour un puits armé de barreaux. Qui a frappé ces coups ? De là où je suis je distingue la hache qui menace de laisser passer l’assaillant. Je saute dans le trou et rabats le sol.
Amandine. L’une des candidates qui m’inspire le moins. Je la remercie néanmoins et nous prenons en silence l’une des galeries. Ici c’est la roche, juste étayée de grosses poutres. Nous courrons maintenant. Ils ne devraient pas tarder à découvrir l’entrée du tunnel. A une intersection je suis pris d’un doute : ne devrais-je pas partir dans un sens et ma compagne d’infortune dans l’autre ?
Comme si elle avait lu dans mes pensées elle me plaque dans un couloir et m’ordonne d’éteindre la lumière. Elle m’explique qu’à la surface un groupe a commencé à essayer de faire des prisonniers ; me raconte aussi les blessures dont elle a été témoin. Mais sans connaître l’heure difficile d’établir une stratégie efficace. Il nous reste de toute manière plusieurs heures. Et il faudrait être seul à revenir dans le bureau.
Elle prend les rennes. C’est par là qu’elle est arrivée et elle me guide dans ce dédale. Au bout d’un moment j’ai le droit de rallumer ma lampe. Nous débouchons finalement dans une salle un peu plus aérée. Là je dois couper à nouveau la lumière. J’en comprends vite la raison : entre les pierres d’autres rais s’avancent. Ils sont parallèles à nous et je comprends. Ils se trouvent dans les couloirs. Et chose qui me glace le sang, s’avancent vers le cellier. Des renforts ? Elle pourrait me trahir. Mais reste silencieuse. Leurs voix sont fortes ; ils rient, s’apostrophent. Ils sont trois visiblement, certains de leur alliance. Quelque chose portant me fait douter de cette sincérité. Quand ils sont passés j’interroge ma guide :
-combien ont-ils fait de prisonniers ?
- j’en ai vu deux avant de filer…
Je reste silencieux. Et perplexe. Nous sommes sept ; deux dans ce labyrinthe, et deux prisonniers. Trois viennent de passer. Mais quelqu’un était déjà au cellier – et vraisemblablement sur nos traces. Donc soit un des prisonniers les a rejoints soit ma guide ment. Alors que ce n’est pas dans ma nature je me sens méfiant. Le plus sûr est de filer. Soudain un cri se fait entendre. C’est alors limpide : mon assaillant n’était autre qu’un prisonnier. Et ce cri je suis quasiment certain de le reconnaître : Marwan. Il paie notre fuite. Ma voisine étouffe un hoquet. D’autres cris de douleurs se font entendre : il ne se laisse pas faire. Je sais immédiatement quoi faire : j’arrache mon tee-shirt et aveugle la go-pro. On nous oblige à la porter, pas à nous espionner. Dans un sourire elle m’imite. La suite est claire : retourner à l’écran, retrouver le prisonnier et en faire notre allié. La suite est moins claire.
La chance semble dans un premier temps nous sourire. Elle retourne sur ses pas et nous mène à une des sorties de ce souterrain : une cuisine proche de la grande salle. C’est par là qu’elle est entrée. Et maintenant, qui ira voir au vestiaire ? Si on considère que c’est plus risqué je devrais en être… Mais Amandine semble ne pas me faire plus confiance et suggère que nous y allions tous deux. Nous aurions plus de chances aussi de reconnaître la geôle de notre potentiel allié.
Nous nous élançons. Arrivés à l’ordinateur sans encombre nous relevons l’heure. 3H19. Un sourire partagé. Plus que 2h40 à tenir.
La seconde chose que je repère c’est Marwan inconscient (mort?) baignant dans une flaque de sang.
Je commence à entrevoir la suite.
Puis notre objectif avoué : c’est Marius qui se débat, les mains attachées dans le dos. Il est contre un lit.
Cas de conscience : Marius ou Marwan ?
Je m’élance finalement vers Marwan devant l’incompréhension de ma complice, qui elle, se charge de délivrer le prisonnier. Elle ignore ce que je sais : Marwan est en possession de la clé du troisième. Plus qu’à espérer qu’ils l’ignorent encore et soient encore à notre poursuite.
Je ne croise personne sur ma route.
Marwan, encore la hache – maculée de sang – à la main baigne dans son sang. Ces salauds l’ont… tué… Même si je savais ce qui se tramait cette nuit prend une autre dimension. Il y a mort d’homme. Et ce n’est certainement pas le dernier. Je repense à ce qui nous relie tous : des paumés, des anonymes, que personne n’ira chercher trop loin.
Je reviens néanmoins vite à mon objectif : les clés sont encore sur lui. Pour expier je lui promets de le venger et disparais à nouveau dans les ténèbres. Amandine a dû retrouver Marius car j’entends des affrontements. J’en profite pour courir au troisième. Sans attendre je m’élance dans les combles. M’enfermant je profite de l’atmosphère dégagée : la lune illumine ce vaste débarras.
Parmi il y a un lit. Je me laisse choir sur le matelas.
Quand j’ouvre les yeux la lune a disparu. Le jour commence. J’allume et explore le vaste grenier. De l’argent, j’en trouve. Beaucoup même. Et puis au fond, un passe-plat. Le même qui m’avait intrigué dans le bureau. Serait-il possible que ? J’appuie et la machinerie se met en marche.
C’est là que j’entends les cris. Ceux-là même qui resteront à jamais au creux de ma mémoire. Et des coups de feu. Deux. Il ne m’en faut pas plus pour comprendre. J’arrache la caméra, que je jette dans un geste de rage dans ce puits et avise la fenêtre.
Le but n’a jamais été de nous enrichir. Mais de les engraisser. Les gagnants de la partie viennent de le payer de leur vie.
Les tuiles sont glissantes sous le jour naissant. Mais là-bas, en dessous de la bâtisse, la grille est ouverte.
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